À l’occasion d’une conférence au Space de Rennes, l’Institut de l’élevage (Idele) a communiqué les résultats d’une étude comparative entre les exploitations laitières en systèmes herbagers et maïs fourrage (> 30% maïs dans la ration). Ces exploitations, évaluées sur des critères environnementaux et économiques, sont toutes situées dans le Grand Ouest et sont au nombre de 10 pour le système herbager et 3 839 pour le modèle conventionnel.
Des fermes herbagères moins consommatrices d’intrants
Avec une durée moyenne de pâturage allant du simple au double d’un système à l’autre (144 jours en système témoin contre 283 jours en système herbager), les fermes herbagères sont « moins consommatrices d’intrants ». Pour produire 1 000 litres de lait, on remarque une nette différence en faveur du système herbager au niveau de la consommation de concentrés et de carburant.
En revanche, on observe une consommation d’électricité plus élevée dans les systèmes herbagers, « c’est parce que la totalité de l’échantillon herbager est en bio et les exploitations qui ont un séchage en grange font grimper la consommation d’électricité », explique Soline Schetelat, ingénieure agronome à l’Idele. Les systèmes pâturants permettent également une meilleure longévité du troupeau laitier, « on relève un taux de renouvellement de 23 % en système herbager contre 32 % en système avec plus de 30 % de maïs dans la ration ».
Des émissions similaires mais moins de CO2 d’origine fossile émis.
Grâce aux diagnostics Cap2ER (Calcul automatisé des performances environnementales) des exploitations des deux groupes, on note des émissions de CO2 équivalentes pour les deux systèmes (pour 1 000 litres de lait produits, ce sont 975 kg eq. CO2 émis en système maïs et 958 kg eq. CO2 en système herbager). Cependant, la biodiversité entretenue et le stockage de carbone sont plus élevés du côté des systèmes herbagers. Ces indicateurs viennent alléger l’empreinte carbone ramenée au litre de lait produit ; on retrouve 0,88 kg eq. CO2/l de lait en système maïs contre 0,47 kg eq. CO2/l de lait en herbager, soit une empreinte carbone 1,9 fois inférieure.
Le lait produit à l’herbe : des atouts santé indéniables
Dans le cadre du projet Intaqt, l’Idele a mesuré l’impact du système d’élevage sur la qualité du lait produit. Et sans surprise, c’est en été, au pâturage, que le lait offre ce qu’il a de meilleur ! « Teneur plus importante en acides gras bons pour la santé (oméga 3), hausse de la teneur en vitamines E et B2 », détaille Soline Schetelat. « C’est en système herbager qu’on observe le plus de variations des taux du lait mais ils sont au moins équivalents au système maïs », poursuit-elle.
Mais du côté des consommateurs, ce lait qui n’est pas « standard » est moins apprécié, « la couleur est plus foncée, l’arôme plus typé et la texture moins fluide ».
Une production laitière inférieure à main-d’œuvre égale
D’après les caractéristiques des fermes étudiées, « le groupe herbager produit 1,7 fois moins de lait par unité de main-d’œuvre (UMO) que les "maïs" », déclare Soline Schetelat. On relève une moyenne d’étable à 4 500 L/VL en système herbager contre 7 900 L/VL en conventionnel, à UMO équivalente soit 1,9 UMO.
Des systèmes économes et optimisés
Inévitablement, les charges opérationnelles et de structure sont moins élevées en système herbager, « on a un coût alimentaire aux alentours de 132 €/1 000 litres en ration maïs alors qu’il n’est que de 56 €/1 000 litres en système herbager », explique l’ingénieure agronome, « et on retrouve la même tendance au niveau des charges de mécanisation avec un coût qui est de 640 €/ha en système maïs contre 439 €/ha dans le groupe herbager ». « C’est une stratégie de limitation des charges en réduisant les intrants et en valorisant l’herbe », conclut-elle.
Deux stratégies différentes mais viables économiquement
L’indicateur EBE/UMO est plus faible en système herbager, « on a moins de produits mais des charges moindres », une efficacité qui permet de couvrir les besoins, investir, se rémunérer.
Les exploitations en système herbager sont plus facilement transmissibles d’un point de vue économique « car le capital à reprendre est plus faible ». Seulement, « ce type de système nécessite une certaine technicité et de bonnes compétences pour ce qui est de la gestion de l’herbe et du pâturage ».
Ils rétrofitent un John Deere en électrique : le verdict après un an d’utilisation
L’armoricaine, support de formation au lycée La Touche
La dégradation de la conjoncture menace le prix du lait
Grâce à une rampe de chargement, Patrick Feuillet paille « avec un seul tracteur »
Le géant Lactalis marche sur des œufs
La FNSEA appelle à « une grande journée d'action » le 26 septembre
Comment préparer une vache à la césarienne
Face à une perte de compétitivité inédite, accompagner davantage les agriculteurs
Logettes ou aire paillée ? Comment sont logées les vaches laitières françaises
Après la Prim’Holstein, la Génétique Haute Performance débarque en Normande